04. Jusqu’au bout des ongles

Publié le 05 mars 2014 par Pouhiou et Gee

Tout connard se lançant dans la conception de packaging ou d’objets a grand intérêt à s’attribuer les services d’un pouçologue. Praticien médical spécialisé dans l’étude du pouce — et plus généralement de la pulpe des doigts — le pouçologue est un métier peu choisi par les étudiants en médecine. Il faut dire que cette pratique est auréolée d’une très mauvaise réputation.

Oui : le pouçologue est vu comme la lie du corps médical. Non seulement il est considéré comme un dyptéro-sodomite, l’ordre des médecins ricanant sur l’intensité de sa spécialisation (sans avoir conscience de la finesse de cette spécialisation). Mais en plus, on les voit comme des sadiques. Tout cela parce que le précurseur de la pouçologie, celui qui en a déterminé les fondements, n’est autre que Jean-Hugues Schilheurstein, l’inventeur de l’enveloppe « paper cut ».

Les conseils d’un pouçologue vous éclaireront grandement sur les choix de texture, de forme et de mécanisme d’ouverture pour concevoir un vrai produit #LikeABastard . Sans pouçologue, il eût été impossible, par exemple, de concevoir ce « ouvrir ici » semi-circulaire que vous rencontrez désormais sur la plupart des paquets de biscuits.

Encore une fois, le fait de maltraiter le client final donne de la valeur au produit. Ici, c’est la douleur qui engage notre pigeon consommateur dans un amour du produit. Si ouvrir ce paquet de cookies se fait dans la sueur, les larmes et le sang, ce biscuit enfanté dans la douleur ne peut être qu’un délice pâtissier aux saveurs subtiles harmonieusement mêlées à la force des arômes cacaotiers.

En revanche, si vous ouvrez ce paquet avec des ciseaux, un cutter, une tronçonneuse ou simplement en décollant les rabats, la dégustation prendra un autre visage…

Bien entendu, il faut rester conscient de la mentalité nécessaire pour devenir pouçologue. Une matière médicale aussi pointue traitant de la douleur de façon si intime attire forcément des personnalités consciencieuses pouvant parfois verser dans le sadisme maniaque. Engager un pouçologue, c’est s’engager à garder un œil sur un employé qui n’est qu’à un accident de laboratoire de devenir un super-vilain (conseil personnel : veillez à retirer les objets pointus du local cuisine). On ne veut pas qu’un pouçologue se surmène ou fasse du zèle… Car on sait ce que ça donne.

Lorsqu’il évolue dans un milieu de travail épanouissant et qu’il est surveillé par des ingêneurs rompus à l’exercice, le pouçologue peut proposer des solutions innovantes pour emmerder le monde de manière lucrative et efficace… Finissant par faire le travail de conception à votre place.

Sans les pouçologues concevant des véhicules horripilants, des paquets frustrants et des enveloppes sadiques, qu’en serait-il des « crevure de merde », « moule à pattes » et autres « saloperie de bite en bois » qui font le sel de notre langue si fleurie ?

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