17. Le sacerdoce du connard

Publié le 22 août 2015 par Pouhiou et Gee

Le retour des connards pro se fait à l’occasion du Ray’s Day, une fête de la lecture en hommage à Ray Bradbury. Découvrez tout ce qu’il se passe sur le site officiel.

Être un connard est un métier à temps plein. Il s’agit d’un mode de vie qui ne supporte pas les semi-engagements des pisse-froid qui hésitent entre deux carrières ou jonglent entre plusieurs projets. C’est pour cette raison même qu’il est si difficile de devenir un bon connard : cela demande à la fois des capacités réservées à une élite, et l’implication pugnace d’un usurier rackettant un pays entier. C’est d’ailleurs la première leçon qui est —chèrement— donnée lors du cours d’initiation à la connardise de Dr Gee et Pr Pouhiou.

Oh, bien entendu, d’aucuns ont tenté de s’éloigner du chemin de la bastardise sur lequel ils s’étaient engagés. Mais, lorsqu’on a fini par voir le monde par le spectre de la connardise, il finit toujours par nous rattraper. Car ce monde est à diviser entre deux catégories. Les connards, humains hypersensibles à la peau tannée par l’expérience, et les animaux : les commanditaires que l’on plume ou les clients que l’on fout à poil. Renier sa connardise et vouloir sortir de sa caste, ce serait aussi efficace que d’enseigner les gender studies à un intégriste religieux.

Néanmoins, une vie de connard est une vie de dur labeur passée à remettre l’argent à sa juste place, à savoir dans nos poches. Il se peut donc que, de temps en temps, vous ayez besoin d’une pause, de vacances (ne serait-ce que pour enfin pouvoir dépenser des sommes indécentes). Ne vous inquiétez pas : il existe des bastardises qui vous permettront de rester un bon connard tout en prenant du temps pour votre argent (et donc pour vous). La première, et de loin la plus évidente, est de ne pas tenir vos engagements sous prétexte que vous êtes bien trop occupés par ailleurs.

La base de cette technique, c’est de bien faire comprendre à votre commanditaire qu’il est loin d’être le seul pour qui vous travaillez. Que vous avez d’autres interlocuteurs, et qu’ils sont, de toute évidence, bien plus importants que lui. Implantez dans son esprit l’idée que la moindre seconde d’attention que vous lui consacrerez est une chance inouie, qu’il ne la mérite pas. Les connards des époques précédentes ont balisé le chemin pour vous, et la plupart des personnes sont déjà formatées à ne se voir que comme un pis-aller, un second choix, une œuvre de charité.

Le fait est que, une fois que vous êtes parvenu à rejoindre l’élite, à faire vos preuves en tant que connard professionnel, c’est un métier à vie. La corollaire de cette règle est que vous ne pouvez pas avoir tort tant que vous suivez votre instinct de connard. Ainsi, le plus important est de n’en faire qu’à votre tête : votre bastardise innée (et des contrats aux clauses iniques) sauront vous sortir avec panache de n’importe quelle situation délicate. Moi-même, c’est en classe de 6e que j’ai découvert ma propension à trouver le narratif dans lequel je ne peux avoir tort.

Être un connard est un mode de vie, qui offre de grandes récompenses, mais qui peut parfois être épuisant. Comme pour toute activité intellectuelle et créative, il n’y a nulle honte à se ressourcer pour aller observer la vie et revenir encore plus fort, empli de nouvelle bastardises à offrir (moyennant une forte rémunération) au monde.

La seule règle fondamentale est de ne jamais…

…au grand jamais…

…ne JAMAIS s’excuser.

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